La cinémathèque française rend hommage à Agnès le mardi 2 avril 2019 au matin, au programme : des montages d’interviews d’Agnès réalisés par Claire Duguet, des textes de Frédéric Bonnaud, directeur général de la cinémathèque, Franck Riester ministre de la culture,Thierry Frémaux, directeur délégué général du festival de Cannes, Christophe Girard, l’adjoint à la Mairie de Paris pour la culture, Augustin Trapenard, journaliste, JR, artiste, Sandrine Bonnaire, Jane Birkin et Catherine Deneuve.
NOTRE AMIE AGNÈS
C’est une amie incomparable que perd La Cinémathèque française avec la disparition d’Agnès Varda.
Son départ nous laisse inconsolables mais il nous reste le bonheur d’avoir remontré tous les films d’Agnès en janvier dernier, devant un public jeune et nombreux et avec sa participation active. Elle était venue présenter beaucoup de séances et avait accepté une toute dernière conversation en public. Et nous étions heureux qu’elle considère La Cinémathèque française comme sa maison, une maison qu’elle fréquentait beaucoup et à laquelle elle avait accordé toute sa confiance quand nous avions organisé une grande exposition Le monde enchanté de Jacques Demy en 2013.
En plus de 60 ans de cinéma, Agnès n’a cessé de se déplacer et de se réinventer, guidée par son désir jamais assouvi d’expérimentations et son goût des autres, son appétit de rencontres et d’échanges. Elle était capable de faire cinéma de tout.
Nourrie de contrastes, d’associations de pensée et de pluridisciplinarité, son écriture cinématographique consistait à inventer des dispositifs narratifs qui la libéraient au lieu de la contraindre. Chaque film était une nouvelle tentative d’assembler des éléments hétérogènes et d’enregistrer leurs correspondances. C’est ainsi que Cléo de 5 à 7 est le génial assemblage des principes de la Nouvelle Vague, de bouffées de surréalisme et d’une situation historique (la guerre d’Algérie).
La Pointe courte, Cléo, Le Bonheur, L’une chante, l’autre pas, Sans toit ni loi, Les Glaneurs et la Glaneuse, Les Plages d’Agnès et Visages Villages sont autant de grands films qui font œuvre en obéissant finalement à un seul principe : l’originalité de leur conception, où seule la maîtrise pouvait laisser survenir l’accident et le hasard.
Agnès Varda est aussi l’exemple unique d’une cinéaste à avoir consacré pas moins de trois beaux films à un autre cinéaste, Jacques Demy, l’homme de sa vie, dont elle a aussi assemblé et restauré l’œuvre pour de nouvelles générations et de nouvelles diffusions. Nous lui devons aussi cela.
Rosalie Varda Demy, Mathieu Demy, l’équipe de Ciné-Tamaris, le président Costa-Gavras, les administrateurs et le personnel de La Cinémathèque française invitent ses amis et admirateurs, ses spectateurs de toutes générations, à assister à l’hommage que nous lui rendrons mardi 2 avril, à 11h, à La Cinémathèque française.
Les obsèques d’Agnès auront lieu ce même mardi, au cimetière du Montparnasse, à 14h.
L’hommage terminé, la foule échappée de la Cinémathèque tarde à se disperser. Sur le parvis, les badauds regardent avec pudeur le défilé de stars venues honorer la mémoire de leur amie, du couple Marion Cotillard-Guillaume Canet au vétéran Jacques Perrin. Tous prennent la direction des obsèques de l’artiste, qui rejoint ainsi à Montparnasse son mari Jacques Demy.