Du 25 janvier au 17 mars 2013
Agnès Varda Les Bouches du Rhône
Ma grand-mère maternelle était marseillaise. Mais nous vivions loin de là. J’ai découvert Marseille et la région dans les années 50. J’ai fait des photographies, en Arles, en Camargue, à Tarascon, à Aix en Provence, à Saint Rémy puis, en 1984 autour de Saint Etienne du Grès où j’ai tourné Sans toit ni loi.
En 1956, envoyée en reportage, j’ai pris une photographie sur la terrasse de la Cité radieuse du Corbusier. Cette image m’a inspiré, des années plus tard, deux projets : un film de fiction en vidéo, comme si les personnes de l’image avaient existé et qu’on voyait un moment de leur histoire avant et après l’instant de cette photographie et, récemment, sur cette même terrasse, un portrait de groupe. Des femmes qui sont des Citoyennes radieuses version 2012. On les verra parmi d’autres photographies dans la galerie des Bouches du Rhône à Aix en Provence dès le 24 janvier 2013. L’accueil se fera par une grande vidéo du Rhône où flottent des bouches. C’est plaisant d’illustrer la réalité d’un nom de département. Le seul d’ailleurs en France qui contienne un mot lié au corps humain. Pour aller plus loin, on verra même l’embouchure du Rhône vers la Mer.
Une série de portraits de groupes racontera la diversité des habitants de Marseille, capitale du département et capitale de la Culture européenne en 2013. Les noms des quartiers m’ont amusée. Comme pour les Bouches du Rhône, je les ai illustrés tout simplement : la Pomme, le Merlan, la Rose, la Criée, le Vélodrome…
J’ai beaucoup aimé rassembler des habitants qui ne se connaissaient pas ou peu. Ils ont souri, ils ont crié, ils ont posé. Je les remercie de s’être prêtés de bonne grâce à mon album local, où l’on retrouve aussi les Majorettes de Vitrolles et le Cirque Phocéen. Il y aura du monde dans la galerie puisque mes images y amèneront une bonne centaine de bucco-rhodaniens.
Ces projets inédits répondent à l’invitation de Véronique Traquandi, chargée de mission aux Arts Visuels du département. Je la remercie, ainsi qu’Annick Colombani-Gomez et les élus du Conseil Général, de m’avoir invitée à me lancer dans cette aventure photographique, que je n’aurais pas pu mener à bien sans l’énergie et la bonne humeur de Julia Fabry, assistante et co-filmeuse.
Agnès Varda.