
Un film de Jacques Demy
1980
Long-métrage de fiction
84 minutes
16mm
Couleurs
SYNOPSIS
Saint-Tropez, 1927. Dans sa maison au bord de la mer, Colette se souvient de sa mère, Sido, mais aussi de ses mariages et de ses animaux. L’écrivain a cinquante-quatre ans et vit désormais recluse, uniquement visitée par un voisin plus jeune qu’elle, le séduisant Vial, qui a une liaison discrète avec elle.
(Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue)
Arrive un groupe d’amis, parmi lesquels la belle Hélène Clément, qui tombe amoureuse de Vial. Hélène demande à Colette de lui abandonner le jeune homme. Celle-ci accepte, en informe son amant et reste seule avec ses souvenirs.
Équipe artistique
- Danièle Delorme: Colette
- Dominique Sanda: Hélène Clément
- Jean Sorel: Vial
- Orane Demazis: Sido
- Guy Dhers: Villebreuf
- Joëlle Vautier: Suzanne
- Jacques Rosny: Segonzac
- Chantal Darget: Thérèse Dorny
- Jean-Louis Rolland: L.-A. Moreau
- Daniel Dhubert: Carco
- Marie Marczak: Madame Moreau
- Renée Bonhommet: Pauline
- Serge Feuillard: le visiteur
- Tonie Marshall: la première jeune femme
- Brigitte Lechanteur: la deuxième jeune femme
- Serge Caruso: le danseur
- Maria Duval: la femme au plumet
Équipe technique
- Réalisation: Jacques Demy
- Scénario et réalisation: Jacques Demy, d’après le roman de Colette (1928)
- Images: Jean Penzer
- Décors: Hubert Monloup
- Costumes: Rosalie Varda
- Montage: Anne-Marie Cotret
- Son: Auguste Galli
- Assistants réalisateurs: Denis Epstein, Étienne Dhaene
- Assistants image: François Lartigue, Michel Coteret
- Script-girl: Françoise Penzer
- Assistante montage: Monique Teisseire
- Perchiste: Dominique Duchatelle
- Ensemblier: Jean-Pierre Bazerolle
- Régisseur d’extérieurs: Caroline Barbé
- Accessoiriste: Gabriel Jamet
- Maquillage: Irène Servet, Ronaldo Abreu pour D. Sanda
- Coiffures: Patrick Archambault
- Habilleuse: Monique Tourret
- Bruitage: Henry Humbert
- Mixage: Paul Bertault
- Photographe: Denis Merlin
- Chef machiniste: Marcel Gellier
- Chef électricien: Marcel Moncel
- Régie générale: Yves Dutheil
- Secrétaire de production: Nicole Guérin
- Administrateur: Céline Schvartz
- Directeur de production: Daniel Pauquet
- Producteur exécutif: Philippe Baraduc
Bande originale : Concerto pour violon n°2 en sol mineur de Felix Mendelssohn, orchestré et dirigé par Laurent Petitgérard. Violon solo : Antoine Goulard
Festivals et prix
Octobre 1980 : présentation au Journées cinématographiques d’Orléans
Informations techniques
Production : Amaya / Technisonor (Paris) / FR 3.
Distribution: Technisonor.
Détails du tournage: Tourné en décors réels à La Treille Muscate, la villa de Colette, près de Saint-Tropez, en juin 1980. Sortie télévision : samedi 13 novembre 1980 sur FR 3.
Analyses
La Naissance du jour est le seul film de télévision de Jacques Demy, réalisé à une période de sa vie où il a du mal à mener à bien ses projets personnels. Il est d’abord réticent à accepter cette commande, une adaptation d’un roman de Colette entièrement dénué d’action, constitué d’un long monologue dans lequel l’écrivain évoque ses souvenirs et ses réflexions sur la vieillesse et le renoncement de l’amour physique. Devant l’insistance de la fille de Colette, à l’initiative du projet, il finit par accepter. Porter un tel livre à l’écran est une véritable gageure, et Demy, qui d’habitude filme ses propres histoires, réussit avec beaucoup de subtilité à se glisser dans l’univers de Colette et à le porter à l’écran tout en restant très fidèle au texte original. Le film est tourné en 16 mm, avec un budget modeste, selon les canons économiques des productions télévisées de l’époque, mais le cinéaste parvient à insuffler élégance et raffinement à sa mise en scène et à sa direction artistique. Par souci de vérité, il tourne dans la maison même de l’écrivain, dont il refait la décoration en tapissant les murs des fameux papiers peints rayés et colorés que l’on retrouve dans presque tous ses films. La scène de cabaret, où des marins et deux hommes qui dansent ensemble « parce que les filles ne dansent pas assez bien », est un écho aux ambiances similaires de ses premiers longs métrages, avec une allusion homosexuelle plus explicite. Demy avait retrouvé ses émotions d’enfance dans Peau d’âne, nul doute qu’il ait souhaité exprimer à travers cette lecture de Colette une part de féminité. La Naissance du jour apparaît aussi comme un dialogue ou une lettre adressée à Agnès Varda, cinéaste, épouse et mère de ses enfants, sans doute plus proche de Colette par sa vie et son œuvre que ne l’était l’auteur de Lola. Jacques Demy, comme Philippe Garrel, aime diriger des comédiens découverts dans les films des cinéastes qu’il admire. Autour d’une Danièle Delorme remarquable de justesse dans le rôle de Colette, la distribution de La Naissance du jour réunit Jean Sorel (splendide dans Sandra de Luchino Visconti), Orane Demazis (l’héroïne des chefs-d’œuvre de Marcel Pagnol, dont ce sera la dernière apparition à l’écran) et Dominique Sanda, l’inoubliable « femme douce » de Robert Bresson. La beauté et la personnalité de Dominique Sanda impressionnent si favorablement le cinéaste qu’il choisira l’actrice pour remplacer Catherine Deneuve lorsque le tournage d’Une chambre en ville pourra enfin débuter, deux ans après celui de La Naissance du jour.










« Mon adaptation est d’une fidélité absolue, tous les mots sont de Colette. Le tournage a eu lieu par chance à la Treille Muscate, la villa de Saint-Tropez où elle se retirait de longs étés avant que la mode l’en chasse. »
Jacques Demy